29 Déc Château Haut-Bailly de 1998 à 2017 – Hommage à Bob Wilmers
L’histoire du Château Haut-Bailly au fil des propriétaires
Le terroir du Château Haut-Bailly a depuis le XVème siècle intéressé des hommes remarquables qui ont su desceller son potentiel et n’ont eu de cesse de le révéler.
Hommage à Bob Wilmers
En date du 12 décembre 2019, le fils de Bob Wilmers, Chris Wilmers, Véronique Sanders et l’équipe de Haut-Bailly, recevaient plusieurs journalistes au Château pour rendre un hommage au propriétaire décédé en 2017. Une superbe dégustation couvrant les millésimes 1998, année d’acquisition par Bob Wilmers, à 2017, avait été préparée. Pendant cette dégustation, le niveau élevé des vins de Haut-Bailly a (une fois de plus) été mis en évidence.
Vignoble de 33 hectares
Déjà en 1461, la vigne était cultivée au « Pujau », lieu-dit situé sur la croupe de Haut-Bailly. Mais les bases du vignoble moderne sont posées à partir du XVIIème siècle, quand Firmin Le Bailly et Nicolas de Leuvarde lui donnent ses limites actuelles (33 hectares), avec une intuition commune des potentialités du terroir et de sa capacité à produire un très grand vin.
Éminents locaux aux commandes
Au XVIIIème siècle, deux éminents élus locaux se succèdent à Haut-Bailly : Christophe Lafaurie de Monbadon, membre du Parlement de Bordeaux, puis son fils Laurent Lafaurie de Monbadon, élu Maire de Bordeaux en 1805. Sa gestion généreuse marquera longtemps les mémoires bordelaises. Devenu sénateur, ses responsabilités l’éloignent de la région, si bien qu’en 1813 les héritiers se résolvent à vendre.
C’est grâce à Alcide Bellot des Minières, acquéreur du domaine en 1872, que Haut-Bailly connait un rayonnement exceptionnel. Il imprimera une pensée forte et son expérience originale non seulement à la propriété, à laquelle il insuffle une dimension nouvelle. Par son acharnement basé sur de réelles connaissances scientifiques, il fait l’admiration de ses pairs et est surnommé « le roi des vignerons » dans un roman de l’époque intitulé « Herlot des Grandières ». Son travail pousse les cotations de Haut-Bailly au niveau des premiers grands crus classés du Médoc.
En 1918, la propriété est cédée à Frantz Malvesin, géographe lettré et amateur de grands vins. Sa disparition, associée à la crise économique et à deux guerres mondiales, marque le début d’une période d’affaiblissement commune à beaucoup de domaines viticoles à cette époque.
La famille Sanders acquiert Haut-Bailly
En 1955, Daniel Sanders, Lillois d’origine Belge, devient propriétaire de Haut-Bailly et ouvre une nouvelle ère dans l’histoire de ce cru. Daniel Sanders, puis son fils Jean se passionnent pour le vignoble, le remodèlent, construisent de nouveaux chais, privilégient la sélection dans les vignes. Jean Sanders achève de redonner aux vins leur style et leur réputation.
Le XXIème siècle : acquisition par la famille Wilmers
En 1998, Robert G. Wilmers acquiert le Chateau Haut-Bailly. Né aux Etats-Unis, cet américain francophile passe son enfance en Belgique, puis poursuit ses études à Harvard. Il était à la tête de M&T Bank Corporation à Buffalo dans l’Etat de New York. En 2011, Robert G. Wilmers était distingué par ses pairs comme : « Banquier de l’année » pour ses qualités de visionnaire, de gestionnaire avisé, (ses clients n’ont pas été lésés par la crise des subprimes) et de sagesse dans la tourmente qui a affecté l’économie américaine.
Avenir assuré pour Haut-Bailly
Personnalité appréciée pour son extrême courtoisie, son intelligence et son humour hors pair, « Bob » G. Wilmers s’est vite intégré dans le paysage des grands propriétaires bordelais. Il est de ceux qui participent à la mise sur orbite internationale des grands vins de Bordeaux. Entre ses mains, l’avenir de Haut-Bailly est assuré tant il s’implique dans les grandes décisions du domaine.
Dès 1998, Haut-Bailly est très vite mis en chantier, d’abord dans la vigne avec une étude pédologique conduite par le Professeur Denis Dubourdieu. Des bâtiments agricoles sont construits et les chais sont repensés afin d’optimiser le trajet du raisin, de la vigne à la mise en bouteille. Le château fait l’objet d’une belle rénovation de patrimoine.
Grace à ces investissements importants, la propriété entre dans le XXIème siècle avec confiance et ambition. Après le triste décès de Bob en décembre 2017, sa famille prend le relais et entend poursuivre son œuvre. Avec l’équipe en place, elle s’engage à continuer le travail de Bob dans le même esprit et avec la même dynamique qu’au cours des vingt dernières années. Ensemble, ils auront à cœur de porter les projets futurs.
Chris Wilmers, fils de Bob, nommé président du conseil, est impliqué depuis de nombreuses années dans le développement de Haut-Bailly auquel il est très attaché. Il est professeur d’écologie au département d’études environnementales de l’Université de Californie à Santa Cruz. Ses sujets de recherche sont nombreux, parmi lesquels les écosystèmes terrestre ou l’effet des prédateurs sur la biodiversité. Il sera un atout de qualité pour penser à la viticulture future.
Le terroir du Château Haut-Bailly
Au cœur des Graves, le vignoble de Haut-Bailly est établi sur l’une des croupes les plus élevées de la rive gauche de la Garonne et bénéficie particulièrement des atouts topographiques de cette région. La pente naturelle permet un drainage efficace, renforcé par des fossés bien répartis sur l’ensemble de la propriété.
Le climat océanique de la Gironde est idéal pour la vigne. L’ensoleillement et le taux d’humidité sont parfaitement adaptés. Or, ce microclimat bordelais est doublé de conditions propres à Haut-Bailly dont les anciens propriétaires avaient conscience : « l’exposition est excellente de trois heures et demie à huit heures et demie du soir en été, le soleil y verse ses flots d’or, de rubis et d’émeraude » écrivait de façon lyrique Frantz Malvezin en 1920 dans L’Oenophile.
Mais au-delà de la topographie et du climat, c’est la terre qui est la plus subtile des trois composantes du terroir. Enraciné sur un sol de sables mêlés à des graves provenant d’un glissement du tertiaire, le vignoble forme une mosaïque de parcelles aux caractéristiques complémentaires (drainage, restitution de la chaleur ou au contraire fraîcheur et humidité). Chacun des quatre cépages – Cabernet sauvignon, Merlot, Cabernet franc, Petit Verdot – y trouve son terrain de prédilection.
Le sous-sol constitue une autre spécificité de Haut-Bailly : il s’agit de faluns ou pétrifications de pierres et de coquillages fossiles, dont on peut observer quelques spécimens sur les murs du chai. La vigne y puise minéraux et oligoéléments nutritifs, qui sont gages de richesse aromatique et de fraîcheur. Cette sous-couche filtrante assure une bonne aération du sol. Elle permet de réguler l’alimentation hydrique et minérale, générant ainsi un stress hydrique modéré précoce, bénéfique pendant la période de maturation.
L’identité du vignoble
Avec un âge moyen des vignes d’environ 35 ans, et un quart de la vigne entre 100 et 120 ans, Haut-Bailly est l’un des plus anciens vignobles de son appellation. La typicité de son terroir vient naturellement du sol, du climat et de l’encépagement. Mais à Haut-Bailly, la mémoire vient s’ajouter à la complexité du terroir. La mémoire des anciens, du patrimoine, qui confère aux vins de Haut-Bailly leur constance et leur qualité.
Le vignoble de Haut-Bailly, entièrement consacré aux cépages rouges, se distingue par un fond de très vieilles vignes, plantées à la fin du dix-neuvième siècle par le propriétaire Alcide Bellot des Minières. Véritable conservatoire d’un patrimoine génétique rare, cette parcelle de 4 hectares rassemble six cépages complantés.
En août 1901, Bellot des Minières écrivait dans L’Œnophile : «Les cépages sont tous de vieilles vignes françaises, de premier choix, et dans d’heureuses proportions pour donner le maximum de qualité étant donné la nature des terrains de la propriété. En voici la répartition : 1/12 de Cabernet Franc, 1/12 de Carmenère, 1/12 de Merlot, 1/12 de Malbec, 1/12 de Petit Verdot, 7/12 de Cabernet Sauvignon».
Peu nombreux sont les terroirs qui imprègnent véritablement leur production : Haut-Bailly est assurément l’un de ceux-là. L’essentiel du travail des vignerons est de révéler, millésime après millésime, l’identité de ce terroir et d’y rester fidèle.
Les notes de dégustation de 1998 à 2017
Vous trouverez ci-après, le compte-rendu détaillé de la dégustation du 12 décembre 2019 qui s’est déroulée au Château Haut-Bailly. En préambule à chaque note de dégustation vous trouverez le résumé du millésime par Gabriel Vialard, le directeur technique de la propriété.
Château Haut-Bailly 1998
59% Cabernet Sauvignon, 41% Merlot
Curieuse année en 1998 : Un printemps pluvieux, un mois de mai chaud et sec et une demi-floraison au 4 juin, soit une avance de dix jours sur la date habituelle. Véraison conforme à la floraison, rapide et homogène.
Forte chaleur durant l’été, sécheresse totale en juillet et août ; pas une goutte d’eau, même l’herbe ne poussait plus ! C’est septembre, une fois de plus, qui a remis les pendules à l’heure, grâce à la pluie. Les merlots et les vieilles vignes ont pu être ramassés avant les pluies ; les Cabernets, dans leur grande majorité, et d’une manière tout à fait anormale, sont restés sains malgré ces pluies.
Rouge grenat clair aux bordures légèrement ambrées. Le bouquet affiche son âge avec de classiques notes de sous-bois et de truffes. Belle maturité olfactive, touche de feuilles de thé. Je remarque également une touche fumée et puis des nuances fruitées. Mise en bouche un peu terreuse et vive. Le vin est marqué par une structure plutôt vive et où les tannins peinent à rivaliser respectivement à tenir la comparaison. Ainsi il est temps de boire ce vin dont la finale est parfaitement soutenue par la structure. A Terminer. 90/100
Château Haut-Bailly 1999
65% Cabernet Sauvignon, 25% Merlot, 10% Cabernet Franc
Millésime précoce avec une demie floraison au 31 mai, soit 4 jours d’avance sur la moyenne de la décennie. La floraison a été rapide et homogène.
1999 a été plus chaud et légèrement plus humide que la normale, marqué une fois de plus par un temps incertain durant les vendanges. Celles-ci ont débuté le 22 septembre pour s’achever le 5 octobre. Il a fallu jongler avec les aléas climatiques et les craintes de risques de pourriture étaient fondées. C’est l’excellente tenue sanitaire des raisins qui a sauvé la mise, particulièrement grâce aux soins apportés à la vigne durant l’été : éclaircissage important de la récolte et effeuillage des deux côtés fin août.
Bouquet filigrane et subtile affichant des notes fruitées et variétales. Touche épicée. Attaque friande et légèrement crémeuse. Ici, tous les éléments sont en symbiose. La structure tannique confère le soutien nécessaire et l’acidité assure la fraîcheur. Belle expression fruitée en bouche. La finale est serrée et le vin fait valoir l’argument qu’il est arrivé à maturité et qu’il est bien de le boire maintenant pendant que tous les éléments sont en harmonie. A Terminer. 90/100
Château Haut-Bailly 2000
50% Cabernet Sauvignon, 50% Merlot
Météo généreuse en 2000 avec une température de 2 degrés au-dessus de la moyenne et neuf jours de très grande chaleur qui furent déterminantes pour l’évolution des raisins. L’épaisseur des pellicules et la bonne concentration des baies ont caractérisé les raisins de ce millésime. Les vendanges se sont déroulées entre le 13 septembre et le 11 octobre. Elles ont commencé par une parcelle de jeunes Merlots le 13 septembre mais il fut attendu jusqu’au 3 octobre pour récolter les Cabernets.
En humant le bouquet de Haut-Bailly 2000 on peut parler d’un bel équilibre olfactif où tous les éléments le constituant sont mis en valeur, que ce soit le terroir, les cépages et l’élevage. Belle complexité avec des notes de graphite, de cassis mais également de pruneaux et finalement d’eucalyptus. Au palais, le vin est en bonne forme. Il est doté d’une ossature fiable, porteuse, grâce à une parfaite collaboration entre les tannins et l’acidité. L’expression aromatique est intense, dès la mise en bouche et jusqu’en finale. Un vin de caractère qui a certes atteint son apothéose, mais qui a encore bien du temps devant lui. Maintenant – 2033. 93/100
Château Haut-Bailly 2001
65% Cabernet Sauvignon, 35% Merlot
À la veille des vendanges 2001, le potentiel des raisins semblait supérieur à celui des 2000 : de petites baies forcement concentrées laissaient présager un millésime étonnant.
La vigne a été travaillée durant tout le printemps et l’été, de manière extrêmement méticuleuse. Il a été porté une attention importante au rendement en ne laissant que six grappes par pieds. La récolte 2001 n’a pas dépassé les 39 hl/ha. Les vendanges se sont déroulées entre le 24 septembre et le 11 octobre. Rapidement, les vins sont apparus comme une réussite exceptionnelle : des Merlots riches en couleur, en fruit et en tannins ainsi que des Cabernets homogènes, élégants et denses.
Aujourd’hui, ce 2001 confirme bien cette belle réussite. Il tient sans problème la comparaison avec le 2000, respectivement c’est plutôt le 2000 qui s’en tire bien. En effet, le bouquet est complexe, frais et affiche des notes mentholées et fruitées. Ces notes fruitées sont composées de baies rouges (donc de la fraîcheur) mais également de notes de confit de baies noires, donc une certaine maturité. La mise en bouche est friande et également rafraîchissante. Que d’équilibre et d’expression dans le palais d’Haut-Bailly 2001. Les tannins sont imposants, sans être dominants, ils ont de la race et sont en synthèse avec l’acidité. Il en résulte un vin équilibré, juteux, vif et prêt à traverser les années à venir. Il « survivra » le 2000. Maintenant – 2034. 94/100
Château Haut-Bailly 2002
62% Cabernet Sauvignon, 35% Merlot, 3% Cabernet Franc
Les conditions climatiques de l’été 2002 ont été moins estivales que lors des derniers millésimes. C’est l’arrière-saison, inespérée et exceptionnelle, qui a profité à Haut-Bailly ; un temps sec, ensoleillé, venté et frais a permis aux raisins d’atteindre une maturité optimale. L’évolution lente des tannins et le niveau élevé d’acidité a incité l’équipe d’Haut-Bailly à espacer les périodes de vendanges. Plus de trois semaines se sont écoulées entre les premiers Merlots récoltés le 20 septembre et les derniers Cabernets le 15 octobre.
Les premiers jours de macération préfermentaire mettaient en évidence l’intensité et la facilité d’extraction des couleurs, ce qui a incité l’équipe technique à vinifier en finesse, sans forcer, afin d’éviter d’extraire les tannins les plus durs dont l’astringence serait exacerbée par le niveau élevé des acidités.
Haut-Bailly 2002 a le mérite de commencer par mettre la stylistique du domaine en valeur. Par là j’entends la priorité à laisser parler tant le cépage que le terroir. Agréable notes fumées et variétales avec une touche d’eucalyptus ainsi que des notes de tabac blond. En bouche, le vin est légèrement crémeux et doté de tannins soyeux, bien intégrés. La structure assure les arrières et la fraîcheur. Ce n’est pas un Haut-Bailly particulièrement dense, mais il a brillamment su tirer son épingle du jeu. Maintenant – 2027. 92/100
Château Haut-Bailly 2003
56% Cabernet Sauvignon, 38% Merlot, 6% Cabernet Franc
2003, millésime atypique ! Cette année restera ancrée dans les mémoires pour les chaleurs exceptionnelles enregistrées. Le processus végétatif a démarré très tôt avec une première semaine de canicule dès le 20 juin. Aucun effeuillage n’a été réalisé afin d’assurer une protection maximale des grappes contre le soleil. La véraison fût précoce et homogène. Les conditions climatiques extrêmes subies début août (température maximale proche de 42°C pendant une dizaine de jours) ont été inhabituelles pour la région. La vigne n’a cependant pas souffert de stress hydrique du fait d’orages ponctuels survenus entre mi-juillet et mi-août.
Les vendanges, assez étalées afin de ramasser chaque parcelle à parfaite maturité, se sont déroulées entre le 3 septembre et le 27 septembre.
A l’encuvage, les acidités plutôt faibles, caractéristiques d’un été chaud, ont laissé craindre des stabilités difficiles. Curieusement, durant la fermentation alcoolique, un rééquilibrage des niveaux d’acidité s’est produit, probablement dû à des acides concentrés dans les grains passerillés durant la macération. Les grains de raisins, petits et à peaux épaisses, ont conféré rapidement une couleur importante à de faibles volumes de jus.
Haut-Bailly a toujours su se profiler, également, dans les années particulières. Ainsi, le 2003 signale d’une part le côté chaleureux du millésime et, d’autre part, l’aptitude du vin à maintenir le cap. Les tannins ont évidemment une bonne part de responsabilité à ceci, et ils prennent sur leur compte une partie du travail que la structure acide ne parvient pas forcément à octroyer dans ce millésime. Le résultat est convaincant : Haut-Bailly 2003 est ample, équilibré, suave et délicieux. Belle finesse de grain des tannins et superbe expression aromatique jusqu’en finale. Maintenant – 2029. 93/100
Château Haut-Bailly 2004
50% Cabernet Sauvignon, 45% Merlot, 5% Cabernet Franc
Après trois années de faible production, le millésime 2004 se caractérise par une récolte abondante et qualitative. Le printemps plutôt frais et sec, a eu deux conséquences : une floraison assez tardive en juin et une contrainte hydrique d’une rare précocité, d’où une stupéfiante richesse en polyphénols. Les vendanges se sont déroulées du 27 septembre au 18 octobre.
A l’issue des fermentations malolactiques, les couleurs intenses, l’éclat des Merlots et le velouté des tannins des Cabernets Sauvignons ont permis de réaliser un assemblage optimal entre fraîcheur, maturité et richesse tannique.
Très invitant et élégant ce bouquet. J’y remarque des notes baies rouges et une touche de torréfaction. Le fruit ne manque bien entendu par à l’appel au travers de baies noires. Caractère crémeux, dense en bouche. Le vin est parfaitement porté par des tannins aux grains fins et une structure qui agit en coulisse, en conférant de la vivacité et de la fraîcheur. En fait, Haut-Bailly 2004 démontre à quel point ce millésime est un grand classique bordelais avec une très belle aptitude à traverser les décennies. Ce vin est en pleine forme, et il le sera encore longtemps. Maintenant – 2039. 94/100
Château Haut-Bailly 2005
58% Cabernet Sauvignon, 36% Merlot, 6% Cabernet Franc
Le millésime 2005 est caractérisé par un printemps sec, un été aux journées chaudes et aux nuits fraîches, un automne magnifique. Ces conditions climatiques exceptionnelles, associées à un travail de la vigne adapté, ont permis d’obtenir de remarquables maturités, avec des degrés naturels de plus de 14% pour les Merlots et 13% pour les Cabernets : du jamais vu à Haut-Bailly.
Les vendanges ont débuté le 14 septembre et se sont réparties sur cinq semaines, soit jusqu’au 11 octobre. Elles ont essentiellement été effectuées en matinée avec d’éviter les pics de chaleur. Les rendements sont faibles (41hl/ha), mais le résultat est exceptionnel.
Il y a des vins qui ont l’aptitude de rapidement statuer sur leur forme, leur disposition à se révéler. Haut-Bailly 2005 évite les détours. Il se pose, d’entrée, et affiche ce qu’il est apte à faire, c’est-à-dire de briller ! Quelle belle complexité où les notes de graphite, de baies noires, de réglisse et de menthe sont en parfaite synthèse. Le palais assume parfaitement les promesses du nez et se distingue par son ampleur et sa fraîcheur. Les tannins sont crémeux, suaves et très fins, tandis que la structure est précise, rafraîchissante et forme un exceptionnel soutien aromatique. Lorsque ampleur, puissance, finesse et fraîcheur sont en harmonie, l’on a à faire à un grand vin. Maintenant – 2045. 97/100
Château Haut-Bailly 2006
65% Cabernet Sauvignon, 35% Merlot
Un printemps sec et un début d’été caniculaire ont favorisé la formation de belles grappes à petites baies et permis l’arrêt de croissance de la vigne au bon moment. Le rafraîchissement des températures en août a évité le blocage de maturité, maintenu un bon niveau d’acidité et préservé le potentiel aromatique des raisins. Des saignées, pratiquées sur les Cabernet Sauvignons, ont permis d’un part, d’obtenir une belle concentration naturelle et, d’autre part, de produire un rosé vif et séduisant. Les vendanges se sont déroulées du 13 septembre au 15 octobre.
A l’instar de 2004, ce millésime est un grand classique. J’aime la manière de Haut-Bailly de clarifier les choses d’entrées, au travers de sa force tranquille. Il sait ce qu’il veut et ce qu’il peut. Le bouquet est complexe, aux nombreuses facettes, et affiche des notes fruitées avec des myrtilles et des mûres mais aussi des parfums de bois de réglisse ainsi qu’une touche de poivre de Sichuan. L’élevage est également bien mis en valeur dans une logique complémentaire. En bouche le vin est dense, fruité et doté de tannins compacts, aux grains fins, qui sont en parfaite symbiose avec la race de la structure. Cette dernière confère du tempérament et soutient l’expression aromatique jusqu’en finale. Que d’équilibre dans ce vin où ampleur et vivacité harmonisent avec brio. Une très belle réussite. Maintenant – 2036. 96/100
Château Haut-Bailly 2007
70% Cabernet Sauvignon, 26% Merlot, 4% Cabernet Franc
Un printemps précoce et chaud a favorisé la floraison, survenue avec plus de trois semaines d’avance. L’équipe technique de Haut-Bailly a su maîtriser une forte pression de mildiou suite aux précipitations importantes du mois de mai. L’été a été marqué par des températures fraîches qui ont ralenti l’évolution des raisins. Les vendanges ont eu lieu entre le 21 septembre et le 12 octobre.
Les vinifications précises ont permis des extractions délicates. Les Cabernets-Sauvignons, colorés et puissants, constituent le corps de l’assemblage avec 70%. Ils sont accompagnés de la douceur des Merlots et également de Cabernet Franc.
Bouquet de bonne expression avec des notes fruitées et épicées. Touche de tabac blond. En bouche, le vin est friand, juteux et bien soutenu par ses tannins. L’expression aromatique est filigrane, mais le vin affiche de la fraîcheur et est bien soutenu par sa structure. Maintenant – 2024. 90/100
Château Haut-Bailly 2008
70% Cabernet Sauvignon, 30% Merlot
Le vignoble de Haut-Bailly a pleinement bénéficié de son terroir en croupe, peu exposé au gel, se préservant ainsi d’un hiver particulièrement froid. Attention minutieuse portée à la vigne durant la floraison qui fut soumis à une pluviométrie excessive en mai. Ainsi, une sélection naturelle des baies a réduit les rendements. Le fait marquant de ce millésime résulte des conditions exceptionnelles et particulièrement sèches de septembre à octobre, qui ont assuré une excellente maturité, caractérisée par des degrés alcooliques potentiels élevés, équivalents à ceux de 2005 et 2006. Les acidités sont assez soutenues en raison des températures estivales plutôt modérées.
Les vendanges 2008 resteront dans les annales comme les plus longues et tardives de la décennie : Dix jours de ramassage répartis sur cinq semaines. Elles ont débuté le 25 septembre pour les plus jeunes Merlots alors que les Cabernets Sauvignons ont été cueillis du 17 au 23 octobre.
Quelle belle expression dans le bouquet de Haut-Bailly 2008 où les notes d’élevage et le fruit sont en parfaite harmonie. Agréables notes de café, de baies rouges et de réglisse. En bouche, le vin est friand, crémeux et doté de tannins soyeux, parfaitement intégrés. Très belle expression aromatique en bouche également. Le vin incarne ce que l’on attend d’un grand vin de Bordeaux : l’aptitude à concilier la finesse et la puissance. Un cru que l’on peut commencer de savourer et qui est en pleine forme. Maintenant – 2038. 94/100
Château Haut-Bailly 2009
60% Cabernet Sauvignon, 37% Merlot, 3% Cabernet Franc
Tous les éléments ont été réunis pour faire de 2009 un millésime mémorable. Les conditions climatiques et la conduite scrupuleuse du vignoble ont été particulièrement propices au cycle végétatif de la vigne et à la maturation du raisin. Un hiver plutôt sec et des températures fraiches ont retardé le débourrement d’une quinzaine de jours et les Merlots ainsi que les Cabernets ont fleuri ensemble autour du 30 mai. Le climat ensoleillé de l’été fut idéal pour la maturation et a perduré en septembre, avec des alternances de journées chaudes suivies de nuits fraîches. Ces conditions ont favorisé la concentration des arômes et l’accumulation des pigments. Le raisin était sucré, coloré et fruité, signe d’un très grand millésime.
La récolte a commencé par les Merlots le 15 septembre et s’est prolongée assez tard, jusqu’au 5 octobre, uniquement le matin pour éviter la chaleur de l’après-midi. Les Cabernets Sauvignons et les Cabernets Francs ont été cueillis du 7 au 14 octobre.
La structure des vins est marquée par le caractère gourmand et l’expression aromatique très pure de fruits murs. La fermentation a température maitrisée (autour de 26°C) a participé à cet équilibre extrêmement harmonieux.
Le bouquet du 2009 a une aptitude intéressante, qui me rappelle un peu le 2003 ; concilier le côté chaleureux et la fraîcheur. Il y parvient parfaitement en révélant des notes confites mais également des parfums de menthe et de réglisse. Avec un peu d’aération, le vin révèle un profil olfactif de plus en plus complexe. L’attaque est crémeuse, ample et charmante. Tous les éléments sont en parfaite adéquation car ils peuvent se profiler l’un à côté de l’autre, que ce soit au niveau des tannins, qui sont d’une rare précision et d’une subtile puissance, ou au niveau de la structure qui assure les arrières avec discrétion mais efficacité. Un très grand vin, que l’on peut commencer de savourer et qui a quelques décennies devant lui. Je pense qu’avec ce millésime, Haut-Bailly souligne à quel point il fait partie des très grands vins bordelais. Maintenant – 2050. 98/100
Château Haut-Bailly 2010
62% Cabernet Sauvignon, 36% Merlot, 2% Cabernet Franc
Le millésime 2010 est le fruit de conditions climatiques favorables tout au long du cycle végétatif. Un hiver froid et sec a favorisé les travaux de taille. L’été, marqué par un fort ensoleillement et des températures généreuses, a généré un stress hydrique précoce, favorable à l’arrêt de croissance de la vigne et à la production de raisins à petits grains, gage de qualité et de concentration. L’alternance avec des nuits fraîches fut bénéfique à la protection du fruit et à la synthèse des anthocyanes et des arômes.
Les vendanges ont débuté le 22 septembre par les jeunes vignes de Merlots. Ensuite, les Cabernets furent ramassés du 5 au 14 octobre. Si la concentration phénolique est plus importante qu’en 2009, l’équilibre a été préservé grâce à une fermentation à température maitrisée (autour de 26 ° C) privilégiant une extraction en douceur.
Bouquet intense, aux nombreuses facettes, révélant des notes de réglisse, de graphite, de groseilles et de baies noires. Légère touche terreuse et nuances de torréfaction. Tout comme le bouquet, l’attaque est intense et invitante ! Superbe expression aromatique, dès la mise en bouche et imposante structure tannique. La structure est vive et racée, ce qui est de bon augure face à des tannins puissants, aux grains fins qui forment une très belle colonne vertébrale communément avec l’acidité. Un vin imposant, exceptionnel, qui mérite encore un peu de garde mais qui laisse déjà clairement apparaître sa grandeur ! Certainement un des plus grands Haut-Bailly à ce jour. 2023-2055. 100/100
Château Haut-Bailly 2011
50% Cabernet Sauvignon, 47% Merlot, 3% Cabernet Franc
Le printemps exceptionnellement chaud et sec a entrainé une floraison et une nouaison précoces au mois de mai. L’épisode caniculaire des 26 et 27 juin a provoqué un échaudage contrebalancé par un été frais et une pluviométrie normale, garantissant une reprise du développement physiologique de la vigne. Un mois de septembre estival a permis une maturation optimale de la récolte.
Ayant bénéficié d’un travail d’éclaircissage garantissant la bonne aération des grappes, les raisins présentaient, début septembre, un état sanitaire excellent ainsi qu’une trame aromatique dense et structurée. Les vendanges ont commencé le 9 septembre, par de jeunes Merlots. Elles ont duré trois semaines sous un temps sec et ensoleillé. Les rendements particulièrement faibles en Cabernets furent compensés par une production plus généreuse de Merlots. Un tri sévère fut opéré dans les vignes, puis dans les chais ou un nouvel érafloir permit de séparer les baies des rafles avec douceur et précision.
Le bouquet de Haut-Bailly 2011 se révèle de manière filigrane et subtile. Il commence par mettre en valeur des notes de baies noires et de réglisse. Je relève également une touche de caramel. En bouche, le vin entre en scène à l’image de son bouquet. Avec délicatesse, et ce n’est pas gagné d’avance, car il est doté d’une structure vive, qui a du tempérament, ce qui est d’ailleurs de bon augure pour souligner l’expression aromatique. Le vin a du corps, du caractère et un bien bel équilibre entre tous les éléments. Haut-Bailly nous rappelle, une fois de plus, qu’un grand vin parvient à briller chaque année ! 2021-2044. 93/100
Château Haut-Bailly 2012
60% Cabernet Sauvignon, 40% Merlot
Après un hiver froid et sec, le printemps frais et humide a compliqué la floraison et menacé certains Merlots de coulure. La fraicheur ayant perduré début juillet, l’équipe technique a redoublé de vigilance pour surveiller l’état sanitaire des vignes et contrer la pression des maladies (mildiou, oïdium). L’équipe est restée sur le qui-vive tout l’été. Le mois d’août – aussi chaud que 2000 ou 2009 – a bénéficié de belles amplitudes thermiques par l’alternance de journées chaudes et de nuits fraiches, ce qui favorise la synthèse d’anthocyanes. Le travail des sols a permis une bonne gestion du stress hydrique. Enfin, à l’issue d’un mois de septembre estival, quelques millimètres de pluie les 25 et 26 septembre ont relancé le processus de maturation, permettant d’affiner le caractère fruité des peaux et la douceur des tanins.
Les vendanges ont débuté lorsque l’écart entre la maturité technique (sucres, acidité) et phénolique (tanins) fut rattrapé. Les Merlots ont été cueillis dans des conditions idéales. Le week-end du 7 octobre, particulièrement chaud et humide a incité l’équipe des vendangeurs à accélérer la cadence afin de ramasser les Cabernets avant le retour des pluies.
Le bouquet du 2012 surprend par son expression mature et invitante. Ici les notes confites, les arômes de torréfaction et la fraîcheur cohabitent parfaitement. Le vin est équilibré, friand, doté de tannins suaves et d’une structure porteuse. Au finale le Haut-Bailly 2012 me semble déjà très accessible, tout en affichant clairement une aptitude à aller dans le temps. Finale fruitée, friande et persistante. Maintenant – 2029. 93/100
Château Haut-Bailly 2013
64% Cabernet Sauvignon, 34% Merlot, 2% Cabernet Franc
L’hiver, comme le printemps 2013 sont marqués par les pluies et un très faible ensoleillement. Les nappes phréatiques se régénèrent tranquillement, mais le millésime commence tard et la croissance est lente. Elle s’accélère au moment de la floraison. En juin, Merlots et Cabernets connaissent une floraison simultanée mais délicate. Les pluies entrainent coulure et millerandage.
Juillet et août sont chauds et secs, favorisant la formation de petites baies. Septembre est doux et ensoleillé. À la fin du mois, une dépression océano-tropicale signe le début des vendanges à une cadence rythmée pour contrer la pression de botrytis. La réactivité de l’équipe est à souligner dans ces difficiles conditions de récolte. Les vendanges se sont déroulées du 1er au 10 octobre.
Les vinifications ont été menées en douceur, à 25°C, afin de préserver la saveur du fruit et d’extraire des tanins élégants. Les pertes du printemps, de petits raisins et un tri drastique expliquent des rendements faibles pour ce millésime.
Que de fraicheur et de fruit dans ce vin ! Tout semble corréler, que ce soit au niveau du fruit, du terroir ou de l’élevage. Agréables notes de baies rouges et d’épices. En bouche, le vin est juteux, friand, fruité et parfaitement équilibré. Le vin se distingue par son aptitude à mettre en valeur ses atouts et à offrir du plaisir, maintenant. Maintenant – 2024. 91/100
Château Haut-Bailly 2014
66% Cabernet Sauvignon, 34% Merlot
Doux et pluvieux, l’hiver est bénéfique. La plante sort de son sommeil mi-mars et le cycle démarre rapidement grâce à un très beau mois d’avril. Un rafraîchissement fin mai marque un changement brutal de rythme.
L’avance du début de saison s’étiole. La fleur prend son temps, épanouie du côté des Cabernets mais plus menacée sur les Merlots (coulure, millerandage). En juillet-aout, la croissance est ralentie mais continue : les équipes s’emploient à garder un vignoble propre et sain pour concentrer l’énergie de la plante dans le fruit Les baies grossissent mais murissent lentement. Heureusement, après un arrêt tardif de la croissance, le véritable été débute en septembre, le plus chaud depuis 1921 et 1961 ! La taille des raisins diminue, les concentrations augmentent.
Une vendange heureuse débute les 24 et 25 septembre, au cours de deux matinées. Puis les « grands merlots », les parcelles en bio et la croupe magique des vieilles vignes sont ramassés à partir du 30. Les conditions idéales permettent d’échelonner douze journées de récolte sur vingt-deux jours.
Rouge grenat aux légers reflets violets. Bouquet intense, complexe, mettant en valeur l’élevage et la fraîcheur avec des notes de baies rouges et des épices. En bouche le vin est compact, juteux et bien soutenu par ses tannins. Ces derniers sont dotés d’un grain fin et ont l’aptitude à porter le vin dans le temps. La structure assure les arrières et confère une fraîcheur salvatrice. Il faut un peu l’attendre. 2022-2043. 93/100
Château Haut-Bailly 2015
60% Cabernet Sauvignon, 36% Merlot, 4% Cabernet Franc
Le printemps est chaud et sec. Le débourrement – premier facteur d’homogénéité de l’année – est rapide et régulier. La floraison se déroule dans des conditions idéales en juin. Puis la sécheresse s’installe et un stress hydrique modéré génère un arrêt bénéfique de la croissance. Fin juillet, un épisode de pluie permet de lancer une véraison rapide et concentrée. Du mois d’août jusqu’à la fin des vendanges, la vigne est belle et saine.
Un mois d’aout plutôt frais préserve le potentiel aromatique des raisins. L’état sanitaire est irréprochable. La vendange est superbe ; elle est étalée sur neuf journées et six demi-journées de travail durant quatre semaines. L’homogénéité de la qualité des parcelles est le reflet d’un très beau millésime. Les Merlots ont de la structure, du fruit, de la couleur et de la concentration. Les Cabernets sont puissants, racés et onctueux.
Le bouquet du 2015 est très paradoxal puisqu’il met d’abord la fraîcheur et le fruit en valeur, avant de laisser apparaître le côté chaleureux du millésime. Il révèle également des notes de pruneaux et de mûres. En bouche le vin parvient très bien à cumuler l’ampleur et la fraîcheur. Bien entendu, il envoie bien, mais pas d’une manière tonitruante ou envahissante. Il souligne son besoin, son envie de prendre le temps. Une notion qu’il faut à tout prix valoriser à une époque où l’on veut aller toujours plus vite. Le vin, lui, se détache complètement de cette logique, mais il a l’intelligence de régulièrement fournir des millésimes accessibles plus rapidement. Pour le 2015 il faudra néanmoins savoir attendre. Les tannins sont amples, suaves et en parfaite symbiose avec la structure acide qui assure les arrières en fin de bouche. 2024-2040. 98/100
Château Haut-Bailly 2016
53% Cabernet Sauvignon, 40% Merlot, 4% Petit Verdot, 3% Cabernet Franc
Le millésime 2016 est une année d’extrêmes, de records et de coups de chance. Un hiver et un printemps diluviens précèdent un été et un automne ses et radieux. En juin, une fenêtre météo extraordinaire permet une floraison rapide et régulière. Les mois de juillet et août sont marqués par des températures élevées et un déficit hydrique exceptionnel.
Des conditions parfaitement estivales assurent une maturation progressive. Des records d’amplitude thermique sont enregistrés. La fraicheur des nuits permet de préserver les arômes du fruit et promet une excellente synthèse des anthocyanes. Malgré la sécheresse, le stress hydrique subi par la vigne reste modéré. L’ensemble des parcelles, y compris sur les grands terroirs de graves de la propriété, bénéficient d’un enracinement profond grâce au travail des sols. La vigne puise ses ressources clans les nappes phréatiques dont le niveau s’est rechargé au printemps.
Les doutes cèdent progressivement la place à l’euphorie. L’été, beau, chaud et ensoleillé, se prolonge en septembre et octobre. Les vendanges se déroulent sereinement. La récolte est généreuse. Les vins ont des couleurs profondes, des tanins ronds, une grande richesse phénolique.
Le bouquet du 2016 est à l’image du 2010. Il pose d’entrée les jalons et se positionne comme un grand vin. Sans hésitations il affiche une forme éblouissante et est très prometteur. Le Cabernet Sauvignon est bien mis en valeur et offre une intensité fruitée et rafraîchissante fondamentale. Agréables notes épicées avec du poivre noir et une touche de cardamone. En bouche, le vin est ample, compact, puissant et précis. Il est juteux et dense et parvient à mettre son expression aromatique en valeur en fin de bouche où la structure souligne la grandeur du vin dans la mesure où il parvient à bien appuyer au moment où l’on pense qu’il a atteint son sommet. Un grand vin qui a des atouts exceptionnels pour traverser les décennies. 2025-2060. 99/100
Château Haut-Bailly 2017
60% Cabernet Sauvignon, 32% Merlot, 4% Cabernet Franc, 4% Petit Verdot
Après un hiver rigoureux et un printemps doux, le millésime 2017 s’annonce précoce. La fin du mois d’avril est marquée par des gelées tardives, d’une rare intensité. Si ce gel provoque des dégâts, il épargne néanmoins les parcelles historiques. Et puis la nature reprend ses droits : un printemps chaud favorise une pousse rapide de la vigne.
Le phénomène pluvieux exceptionnel de fin juin a modéré les risques de stress hydrique que l’on pouvait craindre. Au cours de l’été, l’alternance de journées très chaudes et d’autres plus fraîches, engendre de bonnes conditions de maturation. La précocité du millésime se confirme et les vendanges débutent le 13 septembre avec les Merlots et se termine avec les Cabernets Sauvignons, du 25 au 29 septembre.
Les Merlots sont fruités et équilibrés. Les Cabernets ont une bonne fraicheur aromatique, une structure tannique savoureuse et une belle densité. Le volume de la récolte est réduit, mais l’assemblage du Haut Bailly 2017, particulièrement floral, est issu des parcelles épargnées par le gel qui représentent le cœur historique du vignoble.
Superbe bouquet marqué par des notes fruitées et rafraîchissantes. Très invitant. Parfums de baies rouges, de violettes et de menthe. En bouche, le vin est juteux mais également compact et, surtout, parfaitement équilibré. Quelle belle trame tannique et quelle fraîcheur, dès la mise en bouche. Un vin compact, jeune, équilibré qui a de quoi aller dans le temps. Finale fruitée et persistante. 2023-2042. 96/100
Les hommes et les femmes de Haut-Bailly
Véronique Sanders – van Beek
Après des études littéraires puis d’économie et de communication à la Sorbonne (CELSA), Véronique Sanders démarre une carrière de consultante chez Publicis entre Prague et Paris. En 1997, afin de parfaire ses connaissances sur le vin, elle passe le diplôme du DUAD à la Faculté d’œnologie de Bordeaux. A la suite de la vente du Château Haut-Bailly par son grand-père, Jean Sanders, Robert G. Wilmers lui confie le poste de gérante de la propriété. Grâce à l’opportunité qui lui est offerte de diriger un grand cru bordelais, elle retrouve la passion qui l’anime depuis l’enfance.
Avec Robert Wilmers, elle déploie à Haut-Bailly un vaste programme d’investissements, tant sur la restructuration du vignoble que sur la réfection des bâtiments viticoles et administratifs et sur le château lui même. Ensemble, ils ont su conserver le caractère familial et chaleureux de Haut-Bailly, ainsi que l’accueil sans faille qui fait partie du charme de ce cru.
Membre du Conseil d’Administration de la Commanderie du Bontemps de Médoc, Graves, Barsac et Sauternes, mais aussi de l’Union des Grands Crus de Bordeaux et de l’Académie du Vin de Bordeaux, Véronique Sanders est très investie dans le monde du vin. Entre 2006 et 2009, elle est la première femme à être nommée Présidente de l’Union des Crus Classés de Graves. Elle reçoit les insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite en septembre 2011 et entre au Conseil d’Administration de l’ISVV (Institut des Sciences de la Vigne et du Vin) en 2014.
Véronique Sanders est mariée à Alexander van Beek, directeur des Châteaux Giscours et du Tertre, avec qui elle a un fils. Elle est passionnée de littérature et de musique classique, parle Anglais, Allemand et s’essaie au Néerlandais.
Gabriel Vialard
Homme de terrain autant que de réflexion, Gabriel Vialard , œnologue, est le directeur technique de HautBailly et l’artisan discret autant qu’efficace des modernisations apportées au vignoble et dans les chais ces dernières années. Il a su conserver les valeurs traditionnelles de Haut-Bailly tout en instaurant une veille technologique permanente, en liaison avec la Faculté d’œnologie de Bordeaux et l’école Bordeaux Sciences Agro (ex Enita). Haut-Bailly participe à la cellule de recherche appliquée Vitinov qui regroupe dix grands crus. Ainsi expériences et expérimentations sont mises en commun et analysées. Chacun en retire un bénéfice et un retour d’expérience, permettant une progression réelle et constante, à la pointe de la recherche œnologique.
Œnologues conseil
L’équipe de Haut-Bailly est conseillée depuis de longues années par de grands professeurs de l’Université d’ Œnologie de Bordeaux. Au fil des générations, les Professeurs Emile Peynaud, Pascal Ribéreau-Gayon et Denis Dubourdieu apportèrent à Haut-Bailly leurs enseignements et leur vision, dans le respect de l’identité du terroir.
Aujourd’hui Axel Marchal, Maître de Conférence à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin, suit la vinification et les assemblages de Château Haut-Bailly en collaboration avec Valérie Lavigne et Christophe Ollivier. Ils apportent leur expertise et leurs conseils dans la conduite du vignoble et l’élaboration des vins.